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Cogito ergo scribo
14 novembre 2015

V13

Une flamme, un tir, une étincelle, et ils sont partis, ils ne sont plus, eux qui d'un nombre de trop veillaient dans un état d'horreur, une infamie de pleurs, de coulées, en un soir, en une nuit, la ville se putréfie, de la foule pétrifiée, la gâchette pressée, ils ne savent rien, ils transmettent ce que l'on ne sait pas, leurs avertissements, ou leur âmes peut-être, elles implosent, dans leur explosion, exécutées, volent en éclats au coeur des balles, tout se déforme, une pensée horrifiée, ils se pressent, s'emportent, mais pour aller où dans leur peine ? Penser pour le mieux, donner ce qu'il reste ou ce qu'il est toujours, réconforter dans l'agonie, recevoir ou envoyer ce qui fait battre, "c'est horrible", "ne t'en fais pas", "prends garde à toi", "fais gaffe", "rentre vite", "où es-tu", "je pense à toi", "tout va bien", "dis-moi que tu es loin d'eux", "pourquoi tu ne réponds plus", "tiens-moi au courant", pour qu'il y ait encore d'autres appréhensions, pour qu'il soit de répondre, de questionner, de prêter le I don't know à son Follow pour pouvoir avancer, retransmettre, se parler à soi-même, s'héberger ou se lamenter, se préserver ou dire à ces journalistes que ce sont "Eux", que comme une autre fois ils ont tout vu de leurs yeux aveugles, aussi jeunes soient-ils, qu'ils soient même dans la musique pour rendre acte sans se rendre compte de ce qu'ils tiennent, de par cette mauvaise passe pour aller droit au but, et c'est un carton rouge, un carton rouge sang, qui se déchire par le comble du sentiment d'insécurité, courir, crier, fuir, jurer, une identité à craindre cachée, planquée comme ceux qui sauvent d'autres inconnus, qui les rejoignent là ou leur souffle peut reprendre, cachés du danger comme la vérité non transmises à tous ces spectateurs qui entendent encore au loin le drame jaillir de ses tirs dans le tas, leurs mains levées en l'air ou immobiles sur le sol, à terre, ouvertes dans la fermeté, à ressentir une rancune, à la subir, une rancune qui ne peut exister, ne peut sortir de nulle part, sauf peut-être d'un autre endroit, d'une autre manière, quelque chose dont on ne sait rien, mais qui se propulse tout de même des gestes de ces quelques cons qui ne font que tuer, rendant un désert de béton dans les rues plus pesant que jamais, à l'apogée d'une tension plate et inerte, qui après un "Je Suis Charlie" plein d'espoir fait revivre dans un nouvel enfer des victimes coupables de leur manque de chance, si on peut l'appeler ainsi dans le chaos d'informations fausses et inconnues qui ne touchera que le moral d'autres témoins de ce vendredi treize, dans l'évanouissement du merveilleux, de quelques sirènes qui ne sont plus les mêmes mais qui hurlent toujours, transportant avec elles une protection supplémentaires ou ramenant quelques soupçons d'yeux ouverts, yeux de ceux qui plus tard sauront qu'ils sont restés parmi nous en une soirée, dans un carnage emportant une centaine d'autres habitants du chagrin, à qui, je l'espère, on saura rendre hommage.

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Commentaires
C
C'est tellement beau, Clem...Enfin un peu de beauté dans tout le noir de ces derniers jours. Ton post est le digne descendant de l'écriture surréaliste, et pourtant, bizarrement, tout fait sens, chaque mot fait mouche, on saigne à chaque virgule, et on ressent à chaque point. <br /> <br /> Donne-moi la main, petit frère, à toi, moi, et tous les autres, on devrait pouvoir anéantir les machines et faire pousser une fleur d'Humanité.
Cogito ergo scribo
  • "Je pense donc j'écris"... Une devise pour ce blog ;) Ici je raconte de tout et de n'importe quoi... Des pensées, des idées, du vécu... Ou alors j'assemble des mots... Une simple envie d'écrire. Bonne visite, lecteur.
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